Vivre dans le Feu {Pv

C'était un très beau jour pour une balade sur le port. Megan s'était réveillée très tôt avec une affreuse migraine vrillant son crâne mais quelques minutes après avoir ouvert les yeux, elle avait senti une bonne humeur virulente se propager à travers tout son corps. Elle avait pris ses tubes et une grande toile et avait décidé, après un café et un cookie, de prendre un peu l'air. Il ne faisait pas vraiment chaud mais il faisait incroyablement beau et c'était une raison suffisante pour elle de ne pas passer sa matinée à achever l'oeuvre qu'elle avait en commande. Elle réservait les tâches comme celles-ci aux journées maussades et pluvieuses. Des journées comme aujourd'hui, il n'y en avait plus beaucoup, pour elle. Elle avait choisi un petit café près du port pour entamer un croquis. La scène des oiseaux voletant au-dessus du phare la touchait particulièrement et elle s'attelait, assise, entre un scone et un thé typiquement australien - des plaisirs anglais qu'elle aurait rêvé de connaître toute sa vie durant - à retranscrire ce qu'elle voyait devant elle. Bien sûr, le port avait vieilli. D'habitude, elle évitait ce coin-là mais il lui arrivait, certains matins - comme celui-là même - de se lever et de se sentir moins tracassée. D'avoir envie encore de profiter de certains plaisirs simples que la vie avait encore à offrir.

Elle ne l'avait pas tout de suite vue. Elle aurait même jurée que cette fille n'était pas là un quart d'heure plus tôt, lorsqu'elle avait commandé et qu'elle s'était installée, sur une table en terrasse, retirée du reste de la clientèle afin de profiter du soleil et du calme qui régnait encore à cette heure matinale. A présent qu'elle était là, affairée à travailler, Megan avait du mal à décrocher son regard d'elle. Ce n'était pas un regard de coup de foudre, arrêtez-vous là, c'était de la passion artistique. Cette serveuse, avec son uniforme de travail et son allure occupée, concentrée, la fascinait. Megan posa machinalement, sans trop regarder ce qu'elle faisait sa toile près de sa chaise et sortit tout aussi mécaniquement une feuille qu'elle colla sur la table. Elle commença à dessiner doucement mais le geste sûr le portrait de la jeune femme, espérant qu'elle ne retournerait pas à l'intérieur du café avant qu'elle n'ait eu l'occasion de capter chaque trait de son visage, chaque détail de ses yeux, de ses cheveux, de ses lèvres et de ses émotions. C'était dans ces moments-là que Megan se rendait compte de l'amour qu'elle vouait à la peinture. C'était quelque chose de puissant que de pouvoir, avec la main et la patience, figer un instant précis de la vie. Pouvoir emprisonner dans une toile de cire une seconde brûlante et déjà consummée afin que jamais cette flamme ne s'éteigne.

Vivre dans le feu

« L'apocalypse est au commencement de soi puisque la fin précède toute naissance. » ► de Victor-Lévy Beaulieu

Ce début de journée j'en voudrais encore plus des comme celui là. Il est si agréable que j'en oublie que je marche sur le trajet de mon boulot d'horreur. Je déteste mon patron, et je déteste ce job. Il me rappelle tous les jours que je suis prisonnière d'une vie minable. Sérieusement.. cette vie.. trois morts, une possession.. des pouvoirs dangereux..Oh et quand même l'amour.. Oui récemment j'ai appris qu'une entité grecque me possédait lorsqu'elle me santait en danger ou je ne sais pas trop quoi. Liam l'a compris et lui aurait même parlé.. Mais si cela se trouve je suis juste folle et je me prends pour cette déesse de la guerre.. rien de plus rien de moins. J'ai l'impression parfois que j'ai des soucis mentaux bien plus grave..

J'avance dans la rue, le soleil est assez haut, il doit être 10h et j'embauche dans quelques minutes. Je constate que je traine en marchant, c'est vrai que voir le soleil bleu de Salvation devient rare. Les ténèbres sont présents un peu trop à mon gout.. Je regarde autour de moi.. je suis dans une rue que j'ai évité pendant plusieurs années. Deux pour être exactes. Pourquoi je suis arrivée dans cette rue... Je fais demi tour, perturbée et je fais un détour pour me rendre à mon boulot. J'y arrive peu de temps après. Mon patron me fait m'activer dès que je franchis le seuil de la porte. Je soupire discrètement, ce n'est pas vraiment le moment de se faire renvoyer. Je commence à préparer les tables, je dresse les couverts, je met la caisse à jour et les première client arrive. Comme il fait beau, la terrasse est accessible aux clients. Et elle est prit d'assaut. Je commence à service des plat, zigzagant entre des tables et des personnes euphoriques d'être ici. Je sers aussi des boissons, juste des boissons, nous sommes dans une brasserie chic après tout.

Puis le coup de feu se calme. La terrasse se vide et il ne reste plus que quelques places. Je dois nettoyer les et débarrasser les tables. Je commence alors. Je suis totalement absorbée par ce que j'entreprends. Je rassemble les assiettes, couverts et verres sales dans une petite bassine vide. Je la ramène en cuisine puis je retire les nappes en tissu et je nettoie. Puis d'un coup je me sens observer. Je relève la tête, en me massant la nuque. Elle est douloureuse à force d'avoir le visage planté sur les corvées. Je regarde autour de moi et je vois une jeune femme avec des ustensiles de peinture ou dessins. Je fronce les sourcils elle semble concentrée sur ce qu'elle fait et pourtant je sens que le regard que je sens brûler ma peau, vient de là.

Je m'approche dans son dos discrètement, c'est surement sournois, mais je veux juste voir ce qu'elle fabrique. Sur la table où elle boit une boisson, une feuille et des traits dessinés sur ce papier. Je refronce les sourcils en constatant qu'il s'agit de moi. Elle entame mon portrait en train de faire mon job de serveuse.. Je déglutis, c'est plutôt réussi..

- Pas mal je lui lance alors..

Le croquis était entamé, il manquait certains détails que Megan finissait en observant avec attention la jeune serveuse qu'elle avait pris pour modèle. Dans ce genre de cas, où le sujet n'est pas immobile mais en action, Megan croquait plusieurs postures, selon celles qui l'inspiraient, afin d'en choisir une finale qu'elle travaillerait à rendre plus réaliste qu'un simple dessin au crayon. Comme la jeune femme choisie n'était pas au courant du travail en cours, elle continuait ses affaires de serveuse et la jeune pyromane devait alors imaginer elle-même des détails menus qu'elle n'aurait pas eu le temps d'apercevoir. Pour l'instant, elle n'en avait fait qu'un portrait, les yeux rivés à la tâche et les cheveux tombant sur le côté. Megan était passionnée par son dessin, c'était fascinant. Elle avait surtout pris le temps d'observer les traits de la jeune serveuse, de sorte qu'elle pouvait les retranscrire à l'identique autant qu'elle le pût (et elle était plutôt fière d'elle, en fait). Elle avait crayonné la tenue vaguement au bas à droite de la feuille, pour se rappeler de ce qu'elle portait si toutefois elle devait disparaître de sa vue quand elle s'attaquerait au corps du sujet.

C'était un travail d'observation et de patience, deux qualités qui correspondaient plutôt bien à Megan, mais c'était aussi un vrai boulot d'imagination. Si elle devait terminer ce portrait chez elle, elle devrait en user pour inventer des détails non connus. La jeune femme ne se rendit pas compte que, derrière elle, le sujet elle-même était en train d'observer patiemment ce qu'elle était en train de faire. Jusqu'à ce qu'elle finisse par lancer :

Pas mal ...

Megan se retourna, prise de surprise. Son crayon à papier fit une légère trace dans le mouvement. Elle leva les yeux face à la serveuse qu'elle dessinait. Elle eut un mince sourire embarrassé. Tout le monde n'appréciait pas d'être pris comme modèle pour ses œuvres mais elle espérait en son for intérieur que ce n'était pas le cas de cette jeune femme. Les gens ne comprenaient pas souvent, sauf ceux qui passaient une commande expressément, que les artistes de la gamme de Megan ont parfois besoin d'être stimulés. Et une stimulation de ce genre, venue tout droit à elle sans qu'elle ne la cherche, était plutôt rare. Surtout à Salvation, en ce moment. Elle hésita un moment avant de répondre simplement :

Merci. J'espère que cela ne vous dérange pas que j'aie utilisé votre image pour mon dessin.

Elle laissa un temps de réponse à la jeune femme pour s'exprimer puis reprit :

Je dois vous avouer que je vous ai trouvé particulièrement expressive, pendant votre travail. Vous m'avez tellement inspirée que je n'ai pas pu m'empêcher de vous dessiner.

Elle lui présenta la feuille, gommant la trace malencontreuse qu'elle avait faite dans son sursaut de surprise.

Je peux vous en offrir un exemplaire en aquarelle, une fois terminé, si vous le souhaitez.

Elle se contenta de sourire, un sourire à la fois contrit pour la situation dans laquelle elle se trouvait mais aussi très détendu, finalement. Elle était beaucoup moins angoissée que de coutume.

» E/ Tous nus dans un combat de boue, on en salive d'avance !
» A/ Sortez vos pop corn et trempez les dans la sauce tomate !
» M/ Qui pourrait être le plus crédible dans un costume du père noël ?

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