“ Energize me with a simple touch. Or with an open heart. Energize me, fire up this flame. That's burning between us. It's not a fantasy, another mystery. It's just what I can feel, it's something I can see. It's like a memory, an inner melody. It's just what we all know, and we all hear. I was blind, I was closed down. Could not feel or set it free. Energize me with a simple touch. Or with an open heart. Energize me, fire up this flame. That's burning between us. It lies in everyone.This whirling energy. It's all around us too, Electrifying you. So dare to set it free, This virtue is the key. To something we all know. And we all use. I can feel it's inside me. Open up enlighten me. Energize me with a simple touch. Or with an open heart. Energize me, fire up this flame. That's burning between us. Energize me with a simple smile. Open up your mind. Energize me, activate the light. That's given and taken. Can you believe in the power that's burning between us? Would you believe if you open up your mind, open up your heart? Energize me, fire up this fire. That's burning forever. "

C’est dans une demeure surplombant les canaux de La Sérénissime que Vesper vit le jour. Unique fille d’un des nobles les plus respectés de la Cité, la jeune femme grandit dans un luxe étouffant, enfermée dans un monde de bienséance et de bonne conduite qui firent d’elle une petite fille parfaite. Destinée dès sa plus tendre enfance à devenir l’épouse d’un Duc français, Vesper fut éduquée dans cette seule optique, passant le plus clair de son temps enfermée entre quatre murs à écouter les discours de son précepteur et à apprendre les tâches ménagères qu’elle devrait accomplir une fois marié. Naïve, la jeune femme se laissa bercé dans un océan de mensonge, rêvant d’avoir enfin l’âge d’épouser cet homme dont son père ne cessait de faire l’éloge. Il était en tous points parfait, et il lui serait bien plus ardu de trouver meilleur compagnon sur cette terre. La chute fut douloureuse. Jeté dans les bras d’un homme de vingt son aîné alors qu’elle n’avait que seize ans, brisa les douces chimères dans lesquelles elle s’était enfermée, se coupant d’une réalité bien trop brutale pour qu’elle puisse l’accepter. Réduite à l’état de poupée de porcelaine juste bonne à satisfaire des pulsions animales et des tâches ingrates, violée et bafouée, Vesper devint l’ombre d’elle-même. Ces années de supplices forgèrent son caractère, attisant une haine qui ne la quitterait plus jamais envers la race humaine et surtout envers les hommes. Reniée par son tortionnaire quand il réalisa qu’elle était incapable de lui donner un descendant, elle finit par n’avoir qu’une seule envie : disparaître. Elle passait la plus grande partie de ses journées sur un pont, regardant s’écouler la Seine, se demandant ce que cela pourrait faire si elle se jetait dedans. La Mort viendrait-elle rapidement, ou au contraire serait-elle lente et douloureuse comme pouvait l’être sa vie misérable ?

Quatre ans d’asservissement, quatre années de silence qui prirent fin quand le couple quitta Paris pour Londres. Capitale de sa Renaissance, et d’Espoir qu’elle affectionne encore aujourd’hui. Ses envies suicidaires l’étouffaient, la rendaient folle à tel point qu’elle était prête à tout pour faire taire les battements affreux de son cœur. Elle aurait pu y arriver si seulement Il n’avait pas été présent ce jour là. Il l’avait sauvé de la noyade et sans le savoir venait de la sortir de son enfer personnel. Azael, le seul homme qu’elle serait capable d’aimer. Sombre comme elle, haineux envers ce monde et les pourritures qui pouvaient y vivre, exactement comme elle. Amants dangereux qui assassinèrent ensemble l’époux indigne. Meurtre préparé avec soin, et exécuté avec un sadisme déroutant. Ils ne leur fallut que peu de temps pour sceller leur union, devenant un couple démoniaque dont les multiples homicides firent les premières pages des journaux pendant des mois… Des années. Leur vengeance sanglante prit fin quatre ans après leur union. Arrêtés et condamnés, Vesper monta sur l’échafaud le sourire aux lèvres, satisfaites de ses actes, prêtes à se damner pour avoir à nouveau l’occasion de briser des vies comme elle avait pu le faire.

Libérée il y a dix ans en même temps qu’Azael, elle a longtemps continué sa sombre besogne, rongé jusqu’au bout des ongles par sa nature démoniaque, entièrement dévouée à Satan. Pourtant cette dévotion a disparu le jour où son âme lui a été rendu. Comment ? Elle l’ignore, ce qu’elle sait c’est qu’elle ne veut plus la perdre. Retourner en Enfer la terrifie, l’idée d’abandonner Azael et ce monde la terrifie. Ils sont à l’origine de cette Rébellion. Chef à sa manière des Néphilims, elle ne rêve que d’une chose : détruire Satan et rendre aux mortels ce qui leur appartient. Enfin, en partie bien entendu.

“Dead starlight bleeds down on the Devil's nitrate. All the nerves of the patients bathe in shock and shame. Cause I'm the trigger that'll start this game. And the strike of the night will trash the skyline. And darken the marks I've put in your skin. 'Cause I want to play God. With you. I want to rule it all. Rule you. The human cattle lick on the ethical nightsticks. All the tears of the victims run on cold cheeks' meat. Cause here's a future that'll feed on sheep. Let's play a game of two. I'll play God and you'll play you. Let's play a game tonight. I'll play Dark and you'll play Light."

Azael est le fruit d’un misérable adultère. Fils d’une femme de joie et d’un homme de qualité, il a vu le jour dans la misère des bas fonds d’une ville proche de Londres, aujourd’hui en ruines et délaissée de tous. Dire qu’il n’a jamais connu son père serait un pur mensonge. Entichée de cet homme qu’elle avait déjà croisé plusieurs fois, sa mère ne cessait de nourrir l’espoir qu’un jour il reviendrait et que cette fois il ne franchirait plus la porte de sa misérable demeure. Illusions d’une femme vivant dans un monde différent du sien, là où la misère ne pouvait pas l’atteindre. Il n’était pas rare qu’elle pousse le vice jusqu’à la demeure du dit géniteur, par simple curiosité, pour s’assurer qu’il était toujours là. Ce fut dans cette éternelle obsession qu’Azael fut élevé, éduqué à l’image d’un père qu’il connaissait à peine et dont le seul nom lui donnait la nausée. Ils avaient été abandonnés par cet homme, qui avait osé refaire sa vie sans le moindre scrupule, lui donnant un petit frère dont il ne connaissait que le nom et qu’il jalousait. Privé de tout, contraint à voler pour pouvoir se nourrir et s’occuper d’une mère qui se perdait un peu plus dans son monde chimérique, Azael en vint à haïr ceux qui le regardaient de haut quand il se faisait bousculer au milieu de la foule. Haine dont il réservait la plus grande part à son géniteur et son rejeton. Gamin livré à lui-même qui perdit sa douceur et son innocence dans les ruelles sales dans lesquelles il grandit. Il quitta la misérable bourgade à huit ans, sa mère délaissant à contre cœur la ville de son obsession pour s’installer dans le cœur de Londres, utilisant tout l’argent qu’un riche commanditaire avait pu lui donner quelques jours plus tôt. La déchéance de la pauvre femme commença le jour où l’on apprit le début d’une épidémie de peste. Déclin qui se vit renforcé quand une ancienne ‘amie’ lui apprit la mort du père d’Azael. Anéantie, réduite à l’état de poupée à peine capable de se déplacer, la jeune femme se laissa mourir. Agonie qui perdura pendant de longues années, décrépitude qui ne cessait de croître sous le regard impuissant d’un fils incapable de calmer ces maux. Ils avaient réussit à vivre dans un luxe délectable, vivant au crochet de ces hommes misérables qui venaient trouver refuge auprès de la pauvre femme. Trésor qu’il possède encore et qui fut le début de sa fortune.

Rongé par sa haine envers le reste du monde, se retrouvant seul à la mort de sa mère, Azael se perdit dans la noirceur et dans l’alcool. Les chapardages et les rixes de rues devinrent monnaie courante, pimentant sa vie qui n’avait plus aucun intérêt. Voleur des grands chemins, foncièrement mauvais et violent, Azael acheva de parfaite son image ‘d’homme dangereux’ quand il tua pour la première fois. Meurtre qu'il commis avec celle qui deviendrait ensuite son épouse: Vesper. Sensation grisante qui réduisit en miettes le reste de conscience qui pouvait résider dans son esprit brumeux. Meurtres qui s’accumulèrent, victimes choisies sur le tas appartenant toutes à une sphère différente de la leur, vengeance personnelle de l'un comme de l'autre. Ils assassinèrent de sang froid toute une famille, lui, massacrant les enfants du couple avec un plaisir malsain. Sadisme et violence à l’état pure qui causèrent leur perte. Pris sur le fait, ils furent arrêtés et exécuter sous les quolibets d’une foule satisfaite. Damné avant même d’arriver en Enfer, il en fut libéré après ce qui lui paru être une éternité. Puisant dans ses erreurs, il apprit à contrôler ses pulsions meurtrières, faisant preuve d’une horrible froideur lorsqu’il donnait la mort.

Son âme ? Qu’on lui ait rendu ou non, peu lui importe il reste le même. Un démon qui éprouve des remords certes, mais des regrets bien fades comparés au plaisir qu'il éprouve lors de ses homicides. Satan ? Il lui a tourné le dos, allant jusqu’à s’en moquer ouvertement, ne rêvant que d’une chose : le détruire et prendre sa place. Machination macabre qu’il a finit par mettre en place, s’entourant d’êtres qui lui ressemblent pour venir à bout des faibles démons qui tremblent déjà devant la menace qu’il peut représenter. Voilà de quoi satisfaire son magnifique ego…

“ On ne domine bien que par la douceur. ” } Andrée Maillet

C’est à quelques pas des ruines de temples formant à présent la Cité d’Olympie, que Cassandre vit le jour. Prénom en hommage à la princesse grecque annonciatrice de malheur, qui venait de tracer l’existence du petit être abandonné à lui-même au milieu des décombres. Délaissées par une mère bien trop matérialiste pour seulement s’occuper de sa propre enfant, Cassandre a été recueilli par un couple dépourvu d’enfants qui vit cette découverte comme un signe divin. Fervents croyants, ils inculquèrent à leur fille les bases de la foi, la berçant dans un monde de miracles et autres manifestations divines. Malgré cette existence calme et tournée vers un seul et même dieu, Cassandre dû faire face à nouveau coup du sort. Destin qui n’avait de cesse de s’acharner sur elle, lui ôtant les deux seuls parents qu’elle n’ait jamais connus. Livrée à elle-même, elle fut obligée d’apprendre à vivre seule, s’enfermant dans un mutisme sans failles, refusant de faire confiance à qui que se soit dans ce monde qui ne méritait pas sa clémence et ses mots.

Ce qui put se passer après cette triste période, n’est qu’un amas de souvenirs flous sans queue ni tête. Comment elle est morte et ce qu’elle a pu faire pour se retrouver en Enfer, elle l’ignore. Son passé n’est rien de plus qu’une ruine, comme celles qui l’ont vu naître. Sa mémoire un amas d’images sombres qui ne lui sont d’aucune utilité pour se rappeler qui elle est et ce qu’elle a pu faire. Elle est, et de loin, la démone la plus ‘dangereuse’ de son clan. Calme et d’apparence fragile, Cassandre est un véritable démon, et sait se montrer cruelle quand il le faut. Les restes de sa foi ont rejoins les ténèbres de sa mémoire, sa dévotion envers un dieu qui n’existe certainement pas, la fait rire à chaque fois qu’elle y repense. Les mortels qui s’enferment dans un tel mensonge la peinent, et réveillent ses instincts de créature démoniaque.

Avoir retrouvé son âme fut comme une seconde vie, une renaissance qu’elle n’attendait plus. Enfermant ses instincts de tueuse dans une boîte de Pandore qu’elle s’est jurée de ne plus jamais ouvrir, Casssandre est plus ou moins redevenue la mortelle douce et compréhensive qu’elle a pu être. Les desseins d’Azael ? Ils l’intriguent, et elle se demande comment il va se débrouiller pour renverser Satan et ses Péchés. Curiosité malsaine qui la tiraille, divisant la jeune femme entre ses deux natures qui n’ont jamais autant lutté pour gagner le contrôle de son âme. Démone d’apparence inoffensive, Cassandre reste tout de même dangereuse et, comme les autres membres du groupe, elle n’hésitera pas à user de son machiavélisme pour obéir aux ordres d’un Azael de plus en plus sadique et assoiffé de pouvoir.

“ I still remember the world. From the eyes of a child. Slowly those feelings. Were clouded by what I know now. Where has my heart gone? An uneven trade for the real world. I want to go back to. Believing in everything and knowing nothing at all. I still remember the sun. Always warm on my back. Somehow,it seems colder now. Where has my heart gone? Trapped in the eyes of a stranger. I want to go back to. Believing in everything. Where has my heart gone? An uneven trade for the real world. I want to go back to. Believing in everything”

Gustav Dietrich n’avait rien d’un soldat. Il n’avait pas non plus l’étoffe d’un homme qui serait amené à commander tout un bataillon sous une pluie de cendres. Simple ouvrier dans une fonderie, il fut appelé à rejoindre les rangs de l’armée allemande lorsque le premier conflit mondial s’ébranla. Horreur des champs de batailles et des tranchés qui changèrent le petit ouvrier en machine à tuer. Brillant auprès des autres soldats grâce à son sadisme et son ingéniosité sans bornes, Gustav fut rapidement promis sergent avant de postuler au poste de général. Folie meurtrière d’un père qui finit par déteindre sur un fils qu’il ne voyait que lorsqu’il avait une permission, chose bien rare cependant. Alexander, seulement âgé de dix sept ans quand le conflit débuta, se retrouva rapidement seul à tourner en rond dans une maison qui tombait en ruines. Il avait vu mourir sa mère et sa petite sœur sous les bombes, traumatisme qui le poussa à se muer dans un affreux silence, et une souffrance qui ne cessait de l’étouffer. Passivité qui agaçait son géniteur, qui profita de ses relations et de son haut poste pour faire entrer son rejeton dans une troupe de soldats dit d’élite, qui avaient mainte fois prouvés leur vaillance sur les champs de bataille.

D’abord terrorisé par l’horreur qu’il put côtoyer dans les tranchées, il finit par se laisser gagner par la ferveur des autres soldats, rentrant sans le vouloir dans le jeu perfide de son père et de ses supérieurs. Malgré son jeune âge, il se fit bien vite une place au milieu des autres, influencé par ses amis et par la fierté de son père. Fierté qui lui coûta la vie d’ailleurs. La mort de celui qui aura dû être son modèle et qui avait réussit à le sortir de sa triste léthargie ne le toucha pas plus que ça. Enveloppé dans un monde de ténèbres et de violence, Alexander se crut intouchable. Pendant longtemps d’ailleurs. Ce trop plein de confiance finit par le tuer. Devenu foncièrement méchant, il crachait sur ses semblables, méprisant les faibles qui devenaient incapables de se lever, juste bons à croupir dans la boue des tranchées. Quelle ironie ce fut quand il appris qu’il souffrait d’un mal incurable qui finirait par l’emporter. Il mourut quelques semaines après cette annonce, retrouvant dans les flammes de l’Enfer son paternel et les misérables qu’il avait torturé avec tant de plaisir.

Ses quelques années de damnation calmèrent sa folie assassine, bridant ses pulsions à tel point qu’il en serait presque devenu inoffensif. Plus influençable que jamais, il se sentit perdu quand il fut libéré de sa prison ardente. Jeune démon encore traumatisé par ce qu’il avait pu endurer, réalisant alors ce qu’avait pu subir les malheureux que ses camarades et lui avaient brisé. Peu fier de ce qu’il avait osé faire, Alexander changea de nom, reniant ses origines et ses ancêtres sans la moindre honte. Alexander Dietrich devint Hazelan Laurens, il s’inventa même des origines américaines et une vie sur le continent. Existence battie sur les ruines d’une autre, tissée de mensonge qui servent uniquement à tenir éloigner les monstres de ses souvenirs. Il a finit par comprendre que ces souvenirs faisaient sa force, qu’en allant puiser dans cette haine assoupie, il devenait plus fort et éprouvait une sensation grisante qu’il affectionnait.

Avoir retrouvé son âme aurait pu ne rien lui faire, jeune homme déjà pourrit alors qu’il n’était encore qu’un humain. Le retour de ce semblant d’humanité rend ses remords encore plus intenses et le replonge dans une insouciance qu’il n’a jamais connue. Retour en arrière qui fait qu’il ne supporte pas la solitude, qu’il est tout bonnement incapable de se débrouiller seul. Aussi lorsqu’il a été persécuté par Azael et que ce dernier lui a finalement proposé de rejoindre ses rangs, il n’a pas hésité un seul instant. Du moment qu’il a une ‘famille’ pour le protéger, peu lui importe.

“ The witch is worried. Which is bitch? Take both of them in. And do a spin. Experimenting with fingers spreading. Lips concealing the secrets of the joy. The witch is clever. Forgets never. She take her revenge. All in the end. Two at the time. Bell tolls inside. Casting joy all over you. The witch-hunt is coming to town. You better look around. The witch-hunt is coming to town. They'll see that you will get found. The whip is ready. Standing steady. In between the hands. By your command. Do what you have to do. And she's glad to. Take your little life. And ride away.”

Anaël a vu le jour à Salem. Elle est la fille d’une sorcière, et la dernière de sa lignée. Ironique n’est-ce pas ? Ses ancêtres ont été persécutés, et la plupart brûlés durant la fameuse période de chasse aux sorcières qui ébranla l’Amérique. Bercée dans un monde où la magie occupait une place importante, Anaël avait tout pour devenir une bonne sorcière. Curieuse et dotée d’une sensibilité à fleur de peau, la petite fille faisait le bonheur de sa mère et de ses tantes. Elle n’a jamais connu son père, les hommes étaient un sujet tabou dans sa famille. Manque d’un géniteur qui ne se fit jamais sentir, absence de présence masculine dans son monde qui ne la dérangea pas un seul instant. Anaël était une voleuse de rêve, capable de s’introduire dans les songes de n’importe qu’elle créature pour se les approprier. Son don l’amusa au début, petite fille qui découvre qu’elle est capable de lire ce qui se passe dans l’esprit de ses proches quand ils dormaient. Oui mais voilà, déjà petite Anaël était une éternelle insatisfaite. Plus avait et plus elle voulait. Alors au bout d’un moment ce don aussi amusant soit-il finit par la décevoir. Elle cessa de l’utiliser pendant de longues années, au plus grand désespoir de sa mère qui ne comprit pas pourquoi elle reniait ainsi ce qu’elle était vraiment.

C’est à l’adolescence qu’elle sortit son don du placard, décidant de s’entraîner jusqu’à ce qu’il la satisfasse pleinement. De simple voleuse elle finit par devenir une manipulatrice. Du plus anodin des rêves, elle en faisait le cauchemar le plus complexe, insufflant à l’esprit de sa victime le moindre de ses désirs. Contrôle psychique qui devint une arme redoutable, idéale pour faire souffrir n’importe qui. Le premier à en faire les frais fut le petit voisin. Gamin turbulent qui agaçait Anaël. Capable de contrôler les esprits en se trouvant à une distance raisonnable, la jeune sorcière, grisée par son pouvoir, libéra son imagination, laissant son sadisme faire le reste. Son premier meurtre, son premier plaisir. Alors qu’elle aurait dû être une sorcière défendant la magie blanche, elle venait de s’engouffrer sur le chemin de la magie noire sans même chercher à faire demi-tour. La nuit et les ténèbres, elle aimait ça, se nourrissant du mal des autres pour devenir plus forte. Folie dangereuse qui glissait dans ses veines à la manière d’un poison violent. Aveuglée par sa ‘puissance’, Anaël se mit en quête de nouvelles victimes. Elle ‘assassina’ sa tante, cette misérable qui avait eu l’audace de dire à sa mère que sa fille était possédée et qu’il fallait agir avant qu’elle ne soit plus que l’ombre d’elle-même. Sa mère subit le même sort, elle qui avait osé lui tourner le dos. Elle qui avait osé se méfier de son propre enfant, allant jusqu’à menacer de lui retirer ses dons si elle ne se reprenait pas. Incontrôlable, Anaël assassina de sang froid une grande partie de ses voisins avant de prendre le large. Au début, elle s’en prenait aux renégats, à ceux qu’elle jugeait indignes et franchement inutiles. Au fils des années, elle a cessé de s’enfermer dans de tels critères, s’en prenant à n’importe qui, pourvu qu’il est eu l’audace de la regarder ou de lui parler de travers. Ses multiples amants connaissaient le même sort après avoir connu la chaleur de ses draps.

Sa lente déchéance pris fin lorsqu’elle eut le malheur de trouver plus fort qu’elle. Petit voleur de don qui pris un malin plaisir à faire connaître à Anaël le même sort que toutes ses victimes. Mort lente et douloureuse qui lui donne encore des frissons quand elle y repense aujourd’hui. Privée de son don, Anaël a retrouvé un semblant de raison, bien que son nouveau statut de démone menace de briser ce qui a été reconstruit. Le fait qu’elle ait retrouvée son âme l’a rendu moins violente, plus raisonnable, délivrant son cœur de sa folie. Elle préfère user de provocation et de malice pour venir à bout de ses adversaires, se montrant violente uniquement quand la situation l’exige. Les desseins d’Azael ? Elle les partage sans vraiment le faire. Peu lui importe de prendre la place de Satan, du moment qu’elle peut rester auprès d’Azael et satisfaire ses besoins démoniaques.

« She just walked away. Why didn't she tell me ? And where do I go tonight ? This isn't happening to me. This can't be happening to me. She didn't say a word. Just walked away. You were the first to say that we were not ok. You were the first to lie. When we were not alright. This was my first love. She was the first to go. And when she left me for you. I was the last to know. Why didn't she tell me ? Where to go tonight ? She didn't say a word. She just walked away. I'll be the first to say. That now I'm ok. And for the first time I've opened up my eyes. This was my worst love. You'll be the first to go. And when she leaves you for dead. You'll be the last to know. »

Névrose. Paranoïa. Folie. Psychose. Le résultat d’une vie à traquer des créatures toutes plus irréelles les unes que les autres. Démons. Vampires. Sorciers. Sarah Blackheart lutta si fort, si intensément contre eux, elle vit de si près tout le mal qu’ils pouvaient faire qu’elle en perdit peu à peu l’esprit. A tel point qu’elle en vint à essayer de tuer de ses propres mains ses deux fils et sa fille. Des tentatives toutes soldées par des échecs mais qui perturbaient énormément ses enfants. Le père était mort des années plus tôt, assassiné par un puissant démon dont le couple n’avait pas réussi à venir à bout. Un instant, le visage déformé par la rage, Sarah pouvait serrer le cou d’un des petits de toutes ses forces, avant de prendre dans ses bras ce dernier en pleurant toutes les larmes de son corps. Un état de schizophrénie avancée qui terrifiait sa progéniture, incapable de prédire ses changements d’humeur. Ils refusaient toutefois d’être séparés d’elle et n’en touchaient mot à personne, apprenant à se serrer les coudes, à garder leur secret surtout. Alors que le plus âgé, Stefan, avait tout juste quatorze ans, l’apocalypse se déclara. La folie de Sarah prit alors une tournure plus sérieuse encore. Voyant que le danger était plus imminent que jamais, elle décida d’accomplir son « devoir de mère », de faire ce qui lui croyait être le mieux. Un coup de feu. Un son qui fendit l’air, qui resterait à jamais gravé dans les mémoires des enfants tourmentés, qui les hanterait ensuite chaque nuit. Voilà comment l’enfer commença véritablement pour eux. Elle tua Emma, et blessa Stefan qui s’était interposé pour la sauver. Les deux garçons auraient sans doute rejoints leur petite sœur si un miracle ne s’était pas produit. Leur oncle, John, qui pour la première fois de leur vie, avait choisi ce jour-ci pour leur rendre visite, et surtout pour les former face à l’arrivée des forces obscures sur Terre. Il parvint à maîtriser Sarah, mais il était arrivé trop tard pour sa nièce. Leur mère fut envoyée en asile psychiatrique, et c’est leur sauveur se chargea de leur éducation. Il leur apprit tout ce qu’il y avait à savoir sur la chasse, constatant qu’ils se montraient bien plus doués qu’il ne l’aurait cru dans cet exercice.

Les années s’écoulèrent, et ils ne parlaient jamais entre eux de ce qui avait bien pu arriver. Kenneth ressentait parfois le besoin d’aborder le sujet mais il se heurtait toujours à un mur solide. Stefan refusait obstinément de faire rejaillir des souvenirs si douloureux, se mettant même dans des colères noires quand son frère tentait d’aborder le sujet, se sentant atrocement coupable de n’avoir su protéger Emma. La malédiction semblant flotter au dessus des Blackheart se confirma lorsque leur oncle aussi décéda sous les assauts d’un succube. Puis il y eut Isobel, que l’aîné sauva des griffes d’un vampire, à la différence de sa sœur Selene qu’ils laissèrent pour morte. Percevant tout le potentiel de sa nouvelle protégée, il se chargea de la former comme il se doit malgré ce côté sauvage et ombrageux qu’elle semblait cultiver. Une complicité ambiguë ne tarda pas à s’installer entre eux, et ils finirent par se marier malgré les circonstances qui ne s’y prêtaient guère, malgré Kenneth qui ne la supporta pas dès le tout premier instant. L’animosité entre Isobel et lui ne fit que s’accentuer, il se sentait comme menacé par elle, comme s’il craignait qu’elle lui vole sa place dans le cœur de son grand frère. Stefan ne voulait rien entendre, et Kenneth dut bien apprendre à vivre avec elle. Tout le mépris qu’il ressentait à son égard commença toutefois à se transformer en attirance physique malsaine. Un mélange chimique qui n’était destiné qu’à exploser. Puis il y eut ce soir où il avait bien trop bu, jusqu’à en perdre la raison. Stefan était absent et elle était là, se moquant ouvertement de son allure pitoyable. Comment cela se déroula ensuite…il n’en garda que des souvenirs diffus. Son esprit embrumé ne se rappela que de ses gestes hâtifs, de ses coups qui se transformèrent en caresses brutales, il se rappela qu’elle avait lutté mais qu’il avait fini par la maîtriser et par la posséder. Il se souvint de ses larmes silencieuses puis de cette rage qui s’était emparée d’elle, qu’il n’avait pu arrêter. Cette nuit-là elle le laissa pour mort, ou en tout cas le crut. Mais il survécut à ses nombreuses blessures et incapable d’avouer l’atroce vérité à son frère, il raconta qu’elle avait cherché à le tuer sans raisons et s’était enfuie. Stefan ne voulut d’abord y croire mais il n’eut pas d’autre choix voyant qu’elle était introuvable. Ils n’en reparlèrent plus après sa guérison, Isobel n’était plus là mais elle les séparait plus que jamais, mur invisible se dressant entre eux. Un an s’écoula, et l’île d’Hyperion devint le tombeau de Stefan. Il y retrouva son épouse, mais cela aurait tout aussi bien pu être une étrangère tant elle fut exécrable avec lui. Le rendant fou en se rapprochant d’un homme, Dwight, qu’il soupçonnait d’être d’essence démoniaque. C’est ce dernier qui l’assassina d’ailleurs, ne manquant pas de le torturer avant par le récit des méfaits de sa compagne. Maudit par une sorcière, anciennement alliée de son ennemi, il termina dans les flammes de l’Enfer et c’est l’enchanteresse qui l’en délivra. Revenu sous la forme d’un succube, une de ces créatures qu’il haïssait tant, il n’est plus l’être voué au bien qu’il était, il ne pense qu’à se venger, qu’à détruire pour mieux régner. Aucune des races n’a réellement ses faveurs, bien qu’il reste profondément attaché à l’humanité, il les méprise tous autant qu’ils sont et c’est justement pour ça qu’il les fait tous disparaître, un à un, sans distinction, faisant s’effondrer les si précieux petits soldats de Dwight, impatient de voir sa réaction lorsque sa riposte sera totale.