J'aurais beau essayer de trouver un endroit pour me détendre, un endroit qui entraînerait mes pensées vers de nouveaux horizons... mais malheureusement cet endroit il n'existait que dans mes rêves les plus profonds. Ses pensées n'étaient faites que d'un seul visage, toujours le même depuis tant d'années. Des années à souffrir, des années à essayer de comprendre pourquoi, des années à essayer de résoudre le problème, des années à essayer de faire une approche. Il me fallait quoi ? L'éternité ? Je l'avais déjà acquise... grâce ou à cause de lui ? Telle était la question. Démétri Graham. Le seul homme qui avait su conquérir mon cœur. Je serais prête à crier sur tous les toits, devant tout le monde, à qui veut bien l'entendre que ce démon est l'homme de ma vie, que c'est pour lui que je me réserve, que c'est pour lui que j'ai été capable des plus grandes folies. L'amour rend fou, je ne suis que la preuve de ses propos. Je ne vous parle pas de la vie que je mène maintenant. Je suis une démone, je suis une créature de l'ombre, une mauvaise fille comme on dit. Je tue pour le plaisir, je me plaît à lire la souffrance dans leurs yeux, à chercher ce désespoir qui traduit leurs pensées. Sur le moment, les humains savent d'avance qu'ils n'ont plus aucune issue, mais ils sont très différents. Il y en a qui se battent et il y en a qui se laissent aller. Je leur fait payer ce que Démétri devrait payer, mais je serai tout simplement incapable de lui faire du mal, même si je le voulais... mon amour éternel prends toujours le dessus et parfois ça me met en colère. Il m'a fait tant souffrir que je me demande comment je fais encore pour lui courir après sans étonnement lorsqu'il me rejette comme si j'étais une simple inconnue, comme si tous les souvenirs qu'on partageaient ensemble n'avaient plus aucun sens.

Je n'avais pas trouvé chez ma demeure, ce sentiment de tranquillité, or j'avais décidé de venir le chercher ici, dans les Terres brûlées. Je n'arrivais pas à trouver quoique ce soit qui puisse me rappeler des souvenirs mais ce n'était pas pour autant qu'ils revenaient sans cesse. J'avais l'impression d'avoir passé ma vie à penser à lui. Cela ne représentait absolument rien par rapport à l'éternité qui m'attendait. Aurais-je le courage ou me suiciderais-je avant ? Non, jamais. Je serais privée de le voir en vie, de savoir que même s'il n'est pas avec moi, il est là quand même. Satan m'a offert une deuxième chance alors pourquoi jouer les imbéciles et la gâcher ? Parfois j'ai l'impression de perdre mon temps, parfois je perds même espoir mais je ne sais pas, c'est assez étrange. Je me force à croire que chez Démétri il y a des sentiments envers moi, c'est peut-être bête de dire ça tout en sachant que je me suis fait rejetée plusieurs fois mais bon comme ont dit, l'amour est aveugle.

Je portais un slim noir avec un haut blanc sans manches. Mes cheveux étaient détachées et comme une idiote j'avais oubliée que chez moi je marchais pieds nus, j'avais donc oublier de me chausser. Je marchais tranquillement sans un but précis. J'étais là pour faire passer le temps, je savais d'avance que personne pourrait venir mettre fin à cette tranquillité dont le silence était roi. Bien évidement, le destin a voulu une fois de plus s'amuser avec mon humeur. J'entendis des voix, dont une m'était particulièrement familière. C'était la voix de Démétri ! Mais comment était-ce possible ? Que faisait-il ici ? Et la voix féminine, elle appartenait à qui ? J'avais le sang qui chauffait, la jalousie étant la source de ma colère naissante. J'avançais à pas lents, prenant garde à ne pas être vue parmi ces arbres mortes. Je me cachais derrière l'une d'elles et avec mes grands yeux bleus j'observais la scène qui s'offrait à moi.

Démétri était plus beau que jamais mais inutile de me demander comment il était habillé, je n'y prêtais aucune attention à ces habits. Ce qui m'intéressait c'était leur sujet de conversation. Je n'eus pas de mal à reconnaître cette présence féminine qui avait tendance à réveiller la garce qui était endormie dans le plus profond de mon être. C'était Selene Turner, cette petite vampire blonde aux airs superficiels et hautains. Je vais lui faire avaler ses manières hautaines moi ! D'après ce que j'avais compris, Démétri la considérait comme sa meilleure amie. Mais bien sûr, comme si un démon et une vampire pourraient être des simples amis, à la base on est rivales, il ne faut pas l'oublier mais à première vue, ces deux là accordaient peu d'importance aux règles et ça me mettait hors de moi. Démétri se confiait à cette femme, il partageait avec elle ses peurs, ses craintes, ses doutes, sa vie ! Et moi dans tout ça ? J'étais une parfaite inconnue à ces yeux par rapport à cette blondasse. Rien que son visage me donnait envie de lui enfoncer plus de 100 clous dans chaque partie de son corps. Je m'amuserai bien avec elle si je le pouvais mais bien sûr non sans conséquences. Je mettrais mon tendre démon sur le dos et je n'avais pas besoin qu'il me reproche encore quelque chose qui faisait parti de son malheur, déjà qu'il me détestait d'avoir tuer sa petite fillette de sept ans. Que c'est triste... il ne comprendra jamais pourquoi je l'ai tuée, il ne comprendra jamais l'immense amour que j'éprouve envers lui. Il n'en fait qu'à sa tête, il ne pense qu'à son malheur à lui, et le mien dans tout ça alors ? Enfin pas la peine que je m'énerve toute seule, je vais me faire remarquer et j'aurais beau me plaindre mais ce n'est certainement pas de cette façon là que les choses vont aller mieux.

Je restais silencieuse, sage comme une image. Seuls mes cheveux bougeaient à cause de ce vent frigorifiant à en donner des frissons. Mais ce n'était pas le vent qui me donnait des frissons mais le fait de voir celui que j'aime plus que n'importe qui avec une autre femme. En plus une vampire... elle n'était même pas assez bien pour lui. Pas assez grande, trop maigre, trop insignifiante, trop vampire, trop Selene ! Je la détestais. Je détestais toutes les femmes qui approchaient Démétri de près, j'avais envie de les réduire à néants, de n'en faire qu'une seule bouchée. C'était MON démon, c'était MON homme. Le paysage qui s'offrait à moi, était insupportable pour mes yeux mais forte, je ne détournais pas le regard. Que devrais-je faire ? Je suis d'une nature impulsive mais devrais-je vraiment prendre le risque de leur faire une surprise et d'apparaître devant eux comme si de rien était ? Je sais très bien que si je fais ça ce sera pour tuer Selene et je sais aussi que j'y arriverais car je suis contrôle mieux mes pouvoirs que Démétri ne contrôle les siens. Je le connais bien, il n'a plus aucun secret pour moi. Je sais aussi que c'est le seul démon qui a gardé des valeurs humaines après sa descente aux Enfers. C'est assez étrange mais c'est comme ça. Si je risque de mettre mon plan en application, je risque de perdre celui que j'aime pour toujours. Il porte trop d'importance à cette vampire, allant jusqu'à la considérer comme sa meilleure amie. C'est vrai que ça me fait mal de croire ça, mais à mon avis ils ont déjà couchés ensemble. En même temps j'ai du croiser pleins de femmes qui font partie du tableau de chasse de l'ancien démon de l'orgueil. Il lui faut des femmes pour combler son péché et quand je pense à ça, j'ai l'impression que le démon de la colère n'est pas très loin car je ne laisse plus place à la gourmandise mais au sentiment de la colère, des envies de meurtre que je sais que je n'accomplirais jamais, au risque de perdre tout ce pourquoi je vis.

Je voulais simplement qu'ils voient que j'étais là. Que Démétri comprenne qu'il me faisait du mal, que Selene comprenne qu'elle devrait surveiller ses arrières car son cher démon ne serait pas toujours là pour la défendre. Oui c'est dur de me l'avouer à moi même mais je sais que le démon défendrait la vampire et qu'il ne se gênerait pas pour m'enfoncer plus bas que terre. Je sais aussi qu'il serait prêt non seulement à me faire du mal moralement mais aussi à me faire du mal physiquement et ça je ne pourrais pas le supporter. Préférer une autre que moi ? Où va le monde ! C'était certes complètement insensé à mes yeux mais c'était malheureusement la triste réalité. Je refusais de passer pour une moins que rien devant les yeux de Selene, je refusais de voir se dessiner sur son visage, un sourire de victoire.

Je sortis donc de ma cachette et me montrait devant eux, au grand jour. J'avais peut-être l'air stupide avec mes mains sur mes fines hanches, mon regard méprisant et mes pieds nus mais au moins je gardais la tête haute. Je ne dis rien, me contentant de les regarder. Je n'arrivais à détecter que l'expression du visage de Selene, elle était simplement surprise. Quant à Démétri, inutile d'essayer, je n'arrivais jamais à déchiffrer ses moindres pensées et ses expressions. Il était neutre se contentant de me regarder comme si de rien était. C'était ça que je détestais chez lui, l'indifférence qu'il portait envers moi. J'aurais préféré qu'il soit en colère, qu'il se mette à jurer, à crier, que ses poings soient serrés mais il n'y avait aucune réaction et c'est justement cela qui m'a menait à disparaître. Je me téléportais chez moi, décidant de m'allonger sur mon canapé, fermer les yeux et imaginer un monde où il y aurait que moi et lui, un monde où il m'aimait, un monde où on serait heureux et où aucune présence féminine vienne briser l'équilibre de notre amour qui serait alors réciproque.