« If I could change the currents of our lives. To make the river flow where it's run dry. To be a prodigal of father time. Then I would see you tonight. If I could find the years that went away. Destroying all the cruelty of fate. I must believe that love will find a way. Tonight. Lonely finds me. One day you will come. But I'll wait for love's sake. One day to me, love. If I could see beyond the here and now. If you could hear me calling you somehow. If I could know that love is reaching out. To find you with me tonight. Then hope could make these promises come true. Beyond what I could say, what love can do. With every moment leading me to you tonight. »

Un homme aux cheveux noirs ébènes, aux yeux verts scintillants à la vue du soleil, à la peau d’une pâleur époustouflante, avait prit place au sein d’une balançoire, située dans un parc enfantin. Une femme aux cheveux tirant vers le rouge sang, possédant une allure chaotique, s’assit à ses cotés. Atmosphère lugubre, morbide, qui éveilla la curiosité de cette fillette, observant la scène, la tête enfouie dans les buissons, ses mains tremblant, des frissons la parcourant, s’apercevant sans doute que ses songes étaient liés à la réalité.
« J’ai rejoint ton monde ».

Un souvenir qui, aujourd’hui, demeurait flou, vague, incertain. Lysandra avait été pour la première fois confrontée à cette impression d’être dans l’ignorance. Elle venait également de découvrir la complexité des émotions. Existaient des pulsions de vie, comme des pulsions de mort, et c’était ces deux phénomènes paradoxaux qui étaient à l’origine de la misère qui se répandait dans le monde. Contradictoire. Elle l’avait été, lors des premiers instants de sa vie de mortelle. Ayant, à plusieurs reprises, apprécié le sentiment de haute puissance que lui prodiguait le fait de décider ou non, de laisser un oiseau mourant à l’agonie. De le sauver, ou de l’achever. Enfant, elle avait effectué de nombreux tests possédant cette même ampleur. Elle n’avait pas basculée vers le vice, d’une manière intégrale, néanmoins. Puisque l’environnement pouvait influer sur l’orientation: monde des ténèbres, ou simple illumination. Fille d’un soit disant soldat absent, d’une mère incapable de subvenir à ses besoins, ainsi qu’à ceux de son frère, elle avait échappée à un destin qui aurait pu sembler disparate, en se réfugiant chez une tante qui apporta à sa vie une certaine stabilité. Un équilibre qui ne fut pas exhaustif, étant donné que petite, elle fut confrontée à ce fameux incident passé, qui la poussa, inconsciemment, à choisir d’affronter le questionnement une fois adulte, celui-ci semblant mêlé à une part d‘obscurité qui, au fond d‘elle, avait été préservée. Carrière journalistique qu‘elle entama, la jeune femme ayant pour ambition d’obtenir les réponses aux questions qu’elle se posait, de combler le vide, d’être confrontée à ce deuxième monde qu’elle avait toujours désirée connaître, intriguée, cachant un mal en elle, mais se demandant également sans cesse si à ce souvenir s’étaient associées des hallucinations. A l’heure actuelle, alors que le virus s’est répandu, alors qu’elle est atteinte, alors qu’elle est à la fois confrontée à un passé lointain ainsi qu’à une vérité qui s’impose, elle songe à retrouver une tranquillité d’esprit. Pourtant, quelque part, cette obscurité qui règne, ce vice, l’attirent pleinement.

“ See the crystal ball that shines so bright. It will tell the future here tonight. Feel the magic coming on so strong.Feel the spirits dancing in the night. See the darkness fall with grace. And hear the jesters madness. Enjoy the show they give to You. Come to this illusion. Your soul is going far in twilight time. Trapped inside this dream just hold on tight. My heart is screaming tryin to break my chains like a thunderstorm with draining rains. All hope is gone there's nothing here for me. The world for me is gone why can't You see. My heart is screaming tryin to break my chains. Like a thunderstorm with draining rains. Come to this illusion.”

Tarquin, plus communément appelé Quinn, a grandit dans un immense manoir en retrait de La Nouvelle Orléans. Maison millénaire qui a abrité ses ancêtres et qui est bordée de marais qu’il a bien vite appris à aimer et à connaître par cœur. Demeure imposante qui était bien vite devenue le repaire des visiteurs les plus téméraires, maison d’hôte mystérieuse emplie de souvenir et sur laquelle courraient des rumeurs, des histoires de fantômes à dormir debout. Fils d’une chanteuse de country peu connu en dehors de La Louisiane, Quinn est le fruit d’une erreur d’un soir, folie d’une adolescente de seize ans qui n’a pas su quoi faire une fois le bébé arrivé. Délaissé par sa mère, il fut élevé par sa grand-tante, et les membres du personnel qui faisaient vivre l’immense bâtisse, toujours pleine de touristes. Vif et intelligent, il n’a jamais mis les pieds à l’école, entouré dès son plus jeune âge des plus grands précepteurs que sa grand-tante pouvait lui trouver. Erudit, autodidacte, Quinn fit la fierté de sa famille, membre parfait de la vénérable famille Hainsworth. Il y avait pourtant une ombre à ce tableau de perfection. Garwain, double parfait du jeune homme que lui seul est capable de voir, et qui n’est rien de plus qu’un autre aspect de sa personnalité. Dès son plus jeune âge, il a commencé à parler seul, jouant avec un ami imaginaire que les adultes ne faisaient qu’imaginer pour ne pas faire de peine au petit garçon. Les années passant, la présence de ce familier devint bien vite gênante. Partie intégrante de Quinn, le ‘fantôme’ ne le quittait jamais, partageant le moindre instant de la vie de son ‘maître’. Fierté qui se mua en honte étouffée, quand la famille se retrouvait dehors, fixant une chaise vide au restaurant devant laquelle trônait une assiette pleine, que personne ne toucherait jamais.

Obsession latente qui prit de l’ampleur une fois l’adolescence bien entamée. Ami proche, frère qu’il n’aurait jamais, amant, Garwain était un tout, la pièce maîtresse de la vie de Quinn. Amour inconditionnel et besoin incessant d’avoir cette chose à ses côtés. Addiction qui l’empêcha d’aller à l’école, son double se montrant violent, refusant de partager. Des psychiatres, il en vu énormément. Des examens pour juger de sa santé mentale, il dut en subir un nombre incalculable. Le verdict qui tomba à chaque fois était qu’il souffrait d’une forte schizophrénie. Annonce qui ébranla le reste de sa famille, et qui ne le toucha même pas. Ignorance effrontée qui le poussait à s’enfermer dans un monde que seuls lui et son double pouvaient pénétrer. Isolation complète du reste du monde qui commença à jouer sur sa santé. Son extrême faiblesse fut la porte ouverte à l’arrivée du virus, qui vint trouver refuge en son sein. Contamination qui lui offrit un don qu’il n’avait aucunement souhaité. Incapable de comprendre ce qui pouvait réellement se passer, il assista à la mort de deux de ses proches, visions troublantes de réalismes qui se réalisèrent dans les mois qui suivirent. Paniqué, terrorisé, il quitta la Louisiane dès qu’il eut atteint la majorité, traversant les océans en espérant pouvoir s’éloigner de cette moitié qui le rendait fou et qui, pour lui, était à l’origine de ces atroces pressentiments. Il a malgré lui, apprit à contrôler ce pouvoir. N’ayant bientôt plus besoin de toucher les choses ou les personnes pour déclencher les flashs. Son arrivée sur Hyperion résulte d’un parfait hasard. Depuis quelques temps, les visions sont devenues de plus en plus fréquentes, douloureuses, et saisissantes devant leur réalisme. Il a tenté de mettre en garde les victimes de ses hallucinations, il n’a récolté que des rires et des insultes. Incompréhension qui le dévore et ravit cette autre part de lui qui commence à prendre le dessus sur le ‘gentil’ Quinn. Double immatériel qui risque de devenir parfaitement réel s’il ne résiste pas aux pulsions violentes qui tiraillent son cœur.

« Les ennuis, c'est comme le papier hygiénique, on en tire un, il en vient dix. » Woody Allen

Quand certains enfants cassaient des vitres avec leur ballon de football, Austen, lui, faisait exploser la cave en jouant avec les produits chimiques de son père, Arnold. Un savant fou, qui lui avait transmis le gène. Une passion, une fascination qui ne fit que grandir. Le garçon, petit surdoué, aurait pu passer des heures à le regarder. Sa mère détestait tout cela, ce travail qui ne leur rapportait pas un sou et faisait qu’elle devait enchaîner les heures supplémentaires pour nourrir toute la famille. Arnold fabriquait toutes sortes d’inventions ménagères pour leur faciliter la vie, mais elles tombaient systématiquement en panne, entraînant parfois des dégâts faisant perdre des heures entières de nettoyage. Lorsque la machine à faire des œufs au plat explosa en pleine figure de la maîtresse de maison, l’éclaboussant de jaune d’œuf infect, elle décida que c’en était assez et jeta son mari dehors. Austen pensa d’abord que ce serait temporaire mais la situation dura, jusqu’à ce qu’un soir, en rentrant de l’école, il trouva une pancarte, faisant tâche sur leur belle pelouse verte, indiquant en grosses majuscules noires « A vendre ». Son cœur se brisa ce jour là et il n’eut de cesse que de supplier sa mère de changer d’avis et de lui rendre son papa.

Ils déménagèrent trois semaines plus tard, très loin du studio miteux qu’avait trouvé celui qu’il avait toujours admiré. Ce dernier se tua six mois plus tard, parce qu’il avait oublié de faire changer les freins de sa voiture, étourdi comme il était. Austen ne le pardonna jamais à celle qui l’avait mise au monde et à son grand désarroi, il prit le même chemin que son père, se tournant vers des études scientifiques. Devenant très pointu sur le sujet, il devint un vrai crack à l’université, entraînant la jalousie de ses camarades. Il rêvait de devenir célèbre avec ses inventions, de poursuivre le rêve de son père, mais devint un criminel lorsque d’anciens camardes étudiants se rappelèrent de lui et forcèrent le génie sur pattes à travailler pour lui. Ils braquèrent de nombreuses banques, de nombreux casinos ensemble et Austen ne savait comment se sortir de cette spirale infernale sans y perdre la vie. C’est finalement l’arrivée du virus à Las Vegas, ville où ils s’étaient établis, qui lui laissa la chance de s’en sortir. Ses compagnons furent tués par des vampires, tandis que lui parvint à s’en réchapper et partit sur l'île l’Hyperion. Là-bas il tenta de mettre au point un vaccin contre le virus vampirique, plus ou moins en vain, avant de rejoindre Sydney comme tous les autres.

''Tout ce qui est fait dans le présent affecte l'avenir en conséquence, et le passé par rédemption.'' Paulo Coelho

Fille du batteur d’un groupe de rock, Robin aurait pu grandir au milieu des strass et des paillettes. Le succès de son père, Matthew était cependant trop éphémère pour cela, sa bande n’avait sorti qu’un titre à succès des années auparavant, et depuis ils s’étaient fait oublier, bien malgré eux. Un ancien triomphe qui avait toutefois plongé son père dans l’enfer de la drogue, repoussant toujours plus loin ses limites dans des fêtes totalement décadentes. Robin fut conçue durant l’une d’elle, sa mère étant une de leurs rares groupies. Sans doute s’imaginait-il ne plus jamais la revoir, mais ce ne fut pas le cas. La jeune femme revint en effet le voir quelques temps après, un test de grossesse en main. Matthew avait beaucoup de défauts, mais certainement pas celui de ne pas assumer ses responsabilités, même si rien ne lui disait qu’il était effectivement le père. Tous les deux accros aux substances illicites en tous genre, les deux irresponsables ne mirent pas un terme à leur rythme de vie, incapable de s’y résoudre. Ils mirent de nombreuses fois en danger la vie de l’enfant à naître, mais ils ne le réalisaient que très peu. Matthew mourut finalement d’une overdose et la mère de Robin ne se sentit pas de l’élever seule. Elle l’abandonna donc près d’une poubelle, bien trop ivre pour envisager une autre solution. Heureusement on trouva l’enfant, on la soigna puis on l’envoya dans un orphelinat. La petite fut confrontée à de ‘mauvaises graines’, des petites terreurs en puissances qui lui apprirent à toujours rester sur ses gardes, à user de ses poings plutôt que de la parole, qui l’entraînèrent sur une mauvaise pente. Ensemble, unis contre ces adultes qui n’avaient pas voulu d’eux, qui les avaient rejetés avant de les connaître.

Alors qu’elle avait treize ans, l’apocalypse toucha la planète entière et Robin eut la malchance de se retrouver dans l’une des premières zones touchées. Le chaos détruisait la ville entière, et les enfants en profitèrent pour s’enfuir. Ils durent apprendre à s’imposer dans ce monde impitoyable, à survivre de toutes les manières possibles. En grandissant, la brunette devint l’ ’appât’. Elle détournait l’attention, séduisait des hommes plus murs, allant parfois jusqu’à les mettre dans son lit, avant que ses compagnons d’infortune ne fondent sur la ‘victime’ pour lui voler son argent. Ils durent plusieurs fois aller jusqu’à les tuer, et Robin eut souvent les mains souillées. Réalisant peu à peu quelle personne elle était devenue, la belle ignorait comment se sortir de cette spirale infernale. Lorsqu’elle tomba malencontreusement enceinte, et que pour interrompre sa grossesse on fit appel à un chirurgien qui tenait plus du boucher, elle eut un véritable déclic. Brisée, épuisée, elle prit la fuite et disparut loin de ses ‘collègues’. Elle tenta alors de faire sa rédemption, cherchant à se créer une vie respectable sur l’Hyperion, île qui, miraculeusement, n’avait pas souffert de l’apocalypse. Elle y rencontra Megan, une orpheline qui aurait pu être elle. Elle devint sa sœur de substitution, la prenant sous son aile comme elle l’aurait fait avec un petit oiseau blessé. A présent, Robin tente de se refaire une nouvelle vie, cherche en vain à chasser ses vieux démons qui la hantent toujours… Il y a peu, elle a été amenée de force comme les autres à Sydney mais elle y a perdu Megan, perdue dans la cohue elle est probablement restée sur Hyperion et Robin multiplie les retours sur l'île grâce à la drogue TOB pour la retrouver. Quitte à se mettre en péril.

Champ libre pour l'histoire

« La drogue est comme une femme. Elle ne te pardonnera pas si tu dépasses la mesure avec elle.» Gerard Gévry.

Comment Soledad Maria Menendez est venue au monde ? Cela n’a au fond pas grande importance. C’était un 20 juillet, en Italie, il y a de ça 23 ans. Pas de drame à l’accouchement, tout se passa normalement. Ses parents étaient les plus béats du monde, et on se serait cru dans un conte de fées avec le célèbre « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » sauf qu’en l’occurrence le bébé qui venait de naître serait fille unique. Un avenir banal et sans histoire semblait d’hors et déjà tracé pour elle. Elle ne manquerait de rien, ferait de brillantes études et les rendraient fiers. Tel était le plan, qui s’accomplit plutôt bien jusqu’à l’âge de 16 ans. Elle tomba amoureuse d’un garçon plus vieux qu’elle aux allures de rebelle, qui allait lui en faire voir de toutes les couleurs. Il l’entraîna sur une mauvaise pente, la détournant des études pour la faire plonger dans la drogue, l’alcool, et les fêtes jusqu’au bout de la nuit. On racontait que le virus avait touché une ville voisine de la sienne, mais il s’agissait bien là du cadet de ses soucis. Ses parents ne contrôlaient plus rien de sa vie, et voyaient leur enfant se détourner d’eux, allant jusqu’à devenir insolente, elle qui avait toujours été si respectueuse. Comme tout le monde s’y attendait, son petit ami finit par l’abandonner, non sans lui avoir épargné l’humiliation de retrouver des photos d’elle nue sur le net, qu’il avait prises alors qu’elle dormait. Soledad sortit de plus en plus, se droguant de plus en plus pour échapper à la si dure réalité. Elle se fit renvoyer du lycée, et en fut à peine affectée. Lorsque ses parents menacèrent de la mettre en pension, elle fit une fugue et on la retrouva plusieurs jours plus tard dans un terrain vague jonché de déchets, les vêtements en piteux états et des balafres sur le visage. C’est comme cela qu’elle se retrouva sur l’île de l’Hyperion, chez sa grand-mère qui avait avant sa retraite tenu une clinique de désintoxication. Après des semaines de rébellion, elle accepta d’être soignée et de se racheter une conduite. Soledad, qui essaie le plus souvent de se faire oublier, n’a jamais revu ses parents. Ils ont cessé de lui donner des nouvelles il y a quelques années, sans doute touchés par le virus. Comme les autres, elle a désormais rejoint Sydney.