Une nouvelle attaque, un morceau de viande venait à nouveau sur moi. Un pas sur le côté, j'évitais le coup et dans un bond, bloquait le bloc de viande pour passer un couteau sur ce qui devrait être le cou de l'agresseur. Je le relâchais et le faisais rouler sur son fil, reprenant mon souffle. Néanmoins, mon père de me laissa pas une seconde de répit. Celui-ci se jetait sur moi avec son couteau de boucher. Nous nous lançâmes dans une lutte sans merci jusqu'à ce que je sorte un pieu de ma poche arrière et mimait de lui enfoncer le pieu dans le coeur, je m'arrêtais néanmoins pour ne pas le faire réellement. Je le lâchais, celui-ci me donna de nouveaux conseils. Enfin, ses conseils à lui étaient plus des hurlements. C'était comme ça à tous les entraînements, il pensait que ses cris allaient participer à un boostage complet, il me dit que si je ne travaillais pas d'arrache-pied, j'allais finir comme ma mère, tué par un vampire. Cette remarque m'agaça grandement et je commençais à partir de la chambre froide - lieu qui servait à la fois à la conservation des aliments, mais aussi à nos entraînements quotidiens. Mon père me demanda où j'allais alors que j'étais en train de me changer pour mettre quelque chose de plus convenable. Je le regardais un instant « Je vais voir Judicaëlle, je lui ai promis de la retrouver dans l'après-midi ».

Je partais non sans claquer la porte. La ville était un vrai chaos, ce n'était plus la même petite bourgade que j'avais connu en étant enfant. A présent, il fallait toujours être sur ses gardes et je détestais devoir me méfier à chaque fois que je rencontrais quelqu'un. Je connaissais un raccourcit pour me rendre jusqu'à notre lieu de rendez-vous. J'empruntais la petite ruelle, perdue dans mes pensées lorsque j'entendais un son qui s'apparentait à un grognement. La ruelle était sombre, il m'a fallu plusieurs secondes avant de me rendre compte que l'une des personnes était Jude, adossée contre un mur, piégée par la personne qui la regardait, une once de voracité pétillait dans ses yeux. Pendant quelques secondes, je restais là, sans rien faire, je cherchais dans mon manteau un pieu. Quel idiot ! J'étais parti si précipitamment que je n'avais rien pris ! Mon père m'aurait dit « Si tu n'es pas armé, fuis, sauve ta propre vie » mais là c'était différent. C'était Jude ! C'était ma vie ou la sienne. Sans aucun plan d'attaque et sans aucune arme, j'allais m'élancer sur le vampire. Action tout à fait idiote étant donné que, mains nues, je ne valais rien contre un vampire. « Lâche l... » Je m'arrêtais net. Je ne les avais pas encore atteints que le visage de Judicaëlle attira mon attention. Celui-ci sembla changer, comme s'il se métamorphosait en restant le même, je fis un pas en arrière, effrayé par la situation. Moi qui pensais qu'elle était fragile, elle assena le vampire d'un coup dont la force ne semblait pas être d'origine humaine, surtout pour une femme alors, elle planta un pieu dans le cœur du vampire. Je regardais l'être de l'ombre agoniser sur le sol, bouche bée. Que venait-il de se passer ? Je levais la tête vers l'être qui faisait chavirer mon cœur, prêt à demander des explications. Un pas en avant et je fus pris par des douleurs effroyables. Tous mes muscles semblaient se déchirer, le tissu de ma peau voulait partir de mon corps. J'hurlais de douleur. Que se passait-il ? D'où cela venait-il ? Je n'arrivais pas à réfléchir. J'avais l'impression d'être écartelé sur place, que je ne contrôlais plus mon corps. Je pliais les genoux, me retrouvant au sol, je serais le béton, tentant de lutter contre la douleur. Un autre cri de douleur s'échappa de ma bouche. Alors, la vague de douleur s'estompa et j'eus la force de lever la tête vers Judicaëlle. Chose que je n'aurais jamais dû faire. Son visage n'était pas le même, un sourire que je ne reconnaissais pas s'était dessiné sur son visage, celui-ci me fit peur, il était machiavélique. Alors, je compris que cette douleur venait d'elle. Pourquoi me faisait-elle endurer cela ? Une nouvelle vague de douleur surgit. J'hurlais à nouveau. Je ne comprenais pas. Comment Jude osait-elle faire cela ? Qu'avais-je fait ? J'étais gentil avec elle, je faisais tout pour ne pas la blesser, mais elle semblait heureuse de me voir souffrir. Ce n'était pas Jude, ça ne pouvait pas être Jude. « Jude arrête ! Maintenant ! ». Parvins-je à hurler. Je tentais de résister contre la douleur, soufflé même si j'avais l'impression que ma peau allait se déchirer sous peu. Alors, la douleur se dissipa jusqu'à ce qu'il n'y ai plus rien. Je me relevais, choqué. Ma famille s'entraînait depuis des siècles pour combattre les êtres nuisibles et il fallait qu'une telle chose tombe sur moi. Je regardais un instant Judicaëlle qui semblait perdue. Je devais l'être encore plus, la dévisageant, essayant de comprendre. Néanmoins, une petite voix dans ma tête m'indiquais de fuir. Je la regardais un instant, elle m'avait fait souffrir le martyr et pourtant, son regard perdu m'avait ému. « Mais qu'est-ce que tu fais Liam ? Fuis ! » M'ordonnais la voix de mon père dans ma tête. « Qu'est-ce que c'était ? » lâchais-je à Jude. Et alors, comme un retournement de situation, ce fut elle qui se mit à fuir.